La complainte de la fermière
Parfois Souvent, j'arrive au dimanche soir sur les rotules, encore plus fatiguée et frustrée qu'à la fin d'une semaine de travail. Je met tellement d'espoir sur ces deux jours de "congé"... tant de rêves, de projets, de petits travaux et d'autres promenades qui semblent à porter de main le vendredi soir mais auxquels on n'a même pas pu penser rendus au dimanche soir!
Désespérant... Je me fais parfois l'impression d'être une poule sans tête, tant je monte et descend les étages de la maison, les bras chargés, passant d'une tâche à l'autre, perdant le fil (une voiture dans une main, des épingles dans l'autre et le tapis de bain sous le bras, ou allais-je déjà?) dans l'espoir de libérer un peu de ce temps si précieux... Le temps ne se rattrappe pas, je devrais le savoir depuis le temps mais je crois qu'au fond, je demeure une grande naïve... et chaque vendredi, je recommence!
Alors, pour me forcer à constater que j'avance quand même, une petite liste s'impose :
# J'ai rangé et nettoyé à fond le frigo, opération toujours plus longue qu'on ne pensait. J'ai fini des pots entamés, transvasé des concentrés de tomate et jeté quelques bocaux de sauces gardées pour une occasion, offertes ou finalement pas terribles et jamais consommées.
# L'un entraînant l'autre, j'ai cuisiné trois plats à partir de denrées hautement périssables et qu'il aurait été dommage de jeter. Trois soupes et deux plats en sauce plus tard, c'était l'heure de diner... et même pas de dessert à proposer!
# J'ai pour une rare fois dans ma vie rangé le placard de l'entrée et procédé au changement de manteaux de saison (et surtout des accessoires, un grand tri s'imposait) AVANT que le thermomètre ne nous surprenne un lundi matin, sans gant, sans chapeau et sans écharpe à portée de main alors qu'on a déjà 10 minutes de retard sur l'horaire -- chez nous un classique depuis plus de 15 ans, donc je peux me dire que cette année, j'ai réellement progressé! Yeah!
# J'ai fait le tour du jardin... uniquement pour constater que le travail est gargantuesque, mais que vu la quantité de feuilles encore accrochées aux branches, je pouvais procrastiner le coeur léger et la conscience claire.
# J'ai enfin terminé de coudre l'ourlet du rideau de l'entrée (hum, ca doit faire 2 ans qu'il était suspendu avec ses épingles.. la honte!) et aussi posé les trois boutons de la besace de ma grande, cousue depuis quelques semaines déjà. Ca n'a guère diminué le tas qui s'accumule à côté de la machine...
Besace, modèle IPE, agrandie pour ado en 1ere et entièrement doublée en lin gris. J'ai entoilé le rabat et je regrette de ne pas avoir fait pour tout le sac, qui du coup est un peu trop souple... Tissu rapporté dans nos bagages l'an dernier! Le pire? Mimi n'aime pas trop le modèle et râle que j'ai coupé son tissu!
# Passé deux heures trente à repasser en écoutant une émission dont Tout le monde (en) parle à la radio, mon seul moyen de passer à travers un panier sans me morfondre sur la pénibilité de la tâche.
Pas touché à mon tricot, ni à mon livre, à peine eu le temps de consulter mes mails et de préparer la réunion de l'association des parents, de revoir les leçons avec Tintin, le coucher et hop, il fallait déjà se réveiller pour aller bosser.
Une phrase de Pierre Foglia (dans sa série sur le métier de fermier, à lire!) m'a poursuivie tout le week-end.
"Il y a dans tout fermier un boeuf ancien qui tire son sillon jusqu'au bout du champ et revient, et retourne, et revient, et passent les jours, les semaines et les saisons, reviennent les labours et les moissons."
Je ne sais pas pourquoi, mais les week-ends, je me sens fermière.