Pif Paf Puf
Suède, 1907. La vie est rude. Le père travaille sur les dockers, il est fort, et faible aussi. Il boit et il est violent. Sa femme, Maria, a déjà quatre enfants. Elle ne peut plus travailler comme domestique. Elle fait de la couture pour compenser un peu. En plus de faire tout ce qu’une femme doit faire à l’époque, tout à la main, lavage, ménage, cuisine, dans des conditions difficiles dans un deux pièces sans électricité ni chauffage, et des toilettes communes pour tout l'édifice à l'extérieur. Et, malgré son courage, sa volonté, sa farouche envie que ses enfants fassent mieux, et avec toute cette dignité qu’elle met en tout, son mari la bat. Et puis un jour… elle retrouve un appareil photo qu’elle a gagné dans une loterie et décide de le vendre pour améliorer leur quotidien. Le photographe du quartier la convainc de l’essayer au moins une fois avant de s’en défaire. Ce sera une révélation. A compter de ce jour, Maria jettera un regard différent sur tout ce qui l’entoure. Sa vie ne changera pas immédiatement, mais irrévocablement.
Everlasting Moments, film suédois du réalisateur Jan Troell, est une merveille (et m’a donnée une furieuse envie de voir ses films précédents). La formidable distribution, les tons délibérément sepia, la lumière, les costumes, les regards, le rythme, la musique, tout est à la fois désespérant, esthétique et porteur d’un incroyable espoir. Un film à voir, profondément touchant, et qui montre la force de la création… et beaucoup plus encore.
Et je n’ai pu m’empêcher de penser qu’aujourd’hui, bien que les conditions de vie ne soient en rien comparables, beaucoup de femmes et quelques hommes aussi, écrivent des blogs, dessinent, photographient, créent quelque chose, et que ces gestes les aident à vivre leurs vies, tout comme l’appareil photo de Maria lui révélera la sienne.
Louez-le*!
(*ou comme moi, tombez dessus à la bibliothèque municipale...)