Du génie et de la jeunesse

Beaucoup de films passent à la maison. Je ne pouvais pas passer sous silence certains d’entre eux.

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On a beaucoup parlé du génie de Xavier Dolan, quand son premier film a été sélectionné, puis primé à la quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2009. Trop sans doute. A l’époque, les articles dithyrambiques, les interviews répétées, la photo de Xavier partout, avec son air d’ado attardé et sa mèche de cheveux folle, tout ce brouhaha m’a complètement écœurée. Au point de n’avoir aucune envie de voir son film – en plus je dois avouer qu’en entrevue, Xavier Dolan est un poil fatiguant. 

Dans la foulée, il en a fait deux de plus, dont le dernier, Laurence Anyways, a aussi reçu pas mal de médiatisation – en même temps, c’est vrai, son auteur n’a QUE 22 ans et DÉJÀ trois films, tous sélectionnés à Cannes. Normal que le brouhaha soit si énorme. Bon.

Je me suis enfin décidée à voir ses films. Et? j'avoue avoir été conquise. Il a vraiment quelque chose, une pate bien à lui, un style, le Xavier Dolan – et une grande sensibilité. J’ai beaucoup aimé Laurence Anyways, le premier que j’ai vu de lui - et sans doute le plus achevé. Un sujet difficile, la transsexualité, qui peut rebuter à priori. Mais le traitement est ici si juste, les acteurs sont si bons, l’ambiance, l’image, l’utilisation de la musique, tout fait de ce film une œuvre à part. Bon, parfois on part un peu en vol plané, mais c’est pas fatiguant, ennuyant, ça s’inscrit parfaitement dans l’esprit et la sensibilité des personnages. Et que dire de la performance d’acteurs? Melvil Poupaud et Suzanne Clément crèvent l'écran. Bref, un bon 3^e film. Du coup, je compte bien voir Les amours imaginaires, son 2e.

Mais avant, il fallait que je vois le premier. Le fameux «J’ai tué ma mère». Je n’ai pas été déçue même si c'est loin d'être aussi bon. Il a plusieurs défauts, oui, c’est un premier film, oui, il y a quelques maladresses, MAIS le sujet, son traitement et les mots… Il y a vraiment une universalité dans cette relation mère-fils qui passe au-delà de l’époque, la culture, le contexte et l’ambiance de ces années-là. Xavier Dolan n'est pas un très bon acteur, à mon avis, et sa propre histoire déborde, parfois sans nécessité, dans le scénario - au fond son homosexualité n'a rien à voir avec le coeur de l'affaire et perso, je m'en fiche. Le film m’a touchée, en tant que mère bien sûr (comment ne pas se reconnaître dans ses tirades matinales?), mais aussi en tant que fille, car on ne peut que se souvenir de ce qu’on pensait, à 16 ans, de notre propre mère. De la violence, démesurée parfois, de nos réactions. De ce passage si difficile où il faut quelque part « tuer » l'image qu'on s'est fait de nos parents pour pouvoir à nouveau les aimer. Très fort le petit Xavier.

Oui, j’irai sûrement voir son 4^e, Tom à la ferme, attendu pour bientôt. Encore un drame, apparemment… Si vous ne le connaissez pas, allez lire cet article.

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Je suis bon public. Dans un tout autre registre, j’ai adoré CLOCLO, de Florent Emilio Siri, qui est passé presque inaperçu ici et que j’ai trouvé à la bibliothèque. Dans ce film, c’est l’histoire plus que le traitement, qui m’a intéressée – qui est de facture classique mais bien réalisé. Je ne connaissais pas la vie de Claude François et je l’ai découverte dans ce film. Son enfance en Égypte, son retour en France, forcément ça m’a touchée.  J’y ai appris pleins de choses, tout en retrouvant aussi des succès musicaux que j’avais complètement oublié. Sans doute avais-je entendu à la radio ses chansons, mais personne n’était fan dans mon entourage quand j’étais enfant - et je me souviens vaguement de sa mort comme d'un fait divers.  Il avait pourtant vraiment du génie ce gars-là. Et comme souvent les génies, il était aussi insupportable… Je me demande ce qu’il serait devenu s’il avait vécu.  Quand on voit ce qu’est devenu le grand Johnny… on pouvait espérer mieux, non? Un très bon film, une performance d'acteur aussi, Jérémie Rénier EST Claude François, un film à voir avec toute la famille. Tintin adore ses chansons, lui qui a chanté avec toute sa classe, une version de Cette année-là pour fêter l’anniversaire de la fondation de son école… On a pas fini de l’entendre!

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Enfin, The Flowers of War, de Yimou Zhang, un film choisi un peu au hasard à la bibliothèque, cette fois par ma moitié. Si vous avez l'occasion, allez le voir! L'histoire se déroule en Chine, pendant la conquête japonaise. C'est une guerre, et comme toute guerre, elle est cruelle et sale. Mais l'espoir n'est jamais loin...  Shu raconte son histoire. Dans un couvent, où elle est éduquée en compagnie d'autres jeunes filles, c'est la panique après la mort du Père John. Un américain, venu l'enterrer, se retrouve pris un peu au piège dans cette enclave protégée. Puis des prostituées s'y réfugient pour échapper à l'enfer. Ce petit groupe devra cohabiter face à la violence incroyable où leur univers a basculé et trouver une façon de se sortir de cette situation apparemment sans issue. Un film profondément humaniste, qui montre qu'au-delà des cultures, de nos principes, de nos aprioris et même de ce qu'on nous enseigne et nous inculque, on peut toujours être meilleur...

Comments

[Alphonsine]

Je ne vais que rarement au cinéma, et je n'ai pas de télé.

Le dernier film que j'ai vu était "Lincoln", et je dois dire que j'ai été séduite.

[lavaitpriscepli]

Je ne connais que "Cloclo" que j'ai vu tout récemment sur Ca*nal +, bon public moi aussi (ce sont mes enfants qui le disent, étant donné que je regarde très peu de film). Je me suis demandé moi aussi ce qu'il serait devenu... il aurait 70 ans aujourd'hui... mais les idoles meurent souvent dans la fleur de l'âge.

C'était un battant mais avec des côtés très durs (il tenait de son père) que je ne connaissais pas. J'ai bien aimé aussi ce film.