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5min30s ou la recherche du temps perdu
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5min30s ou la recherche du temps perdu
16 juin 2015

Des mauvaises herbes

Tournesolimages

Vous vous souvenez d'Alma? C'est une jeune femme très érudite. Mais comme toute être humain, elle doit faire face à des situations et des émotions qu'on ne peut apprendre dans des livres ou des autres : il faut les vivre... 

«- Je suis consciente que tout le monde connait des déceptions, Hanneke.

- Je ne suis pas certaine que tu en soies conscience. Tu es encore jeune, alors tu ne penses qu’à toi. Tu ne remarques pas les avanies que subissent les gens autour de toi. Ne proteste pas : c’est vrai. Je ne te condamne pas. J’étais aussi égoïste que toi quand j’avais ton âge. C’est la disposition des jeunes d’être égoïste. A présent, je suis plus sage. C’est dommage que l’on ne puisse mettre une vieille tète sur de jeunes épaules, sans quoi tu serais sage aussi. Mais un jour tu comprendras que personne ne traverse la vie en ce monde sans souffrir, quoi que tu imagines de leur vie et du bonheur que tu leur prêtes.

- Que devons-nous faire de notre souffrance, alors? demanda Alma.

Ce n’était pas une question qu’elle aurait jamais posée à un prêtre, un philosophe ou un poète, mais elle était curieuse – désespérée même – d’entendre ce que Hanneke de Groot [sa nourrice hollandaise] avait à répondre.

- Eh bien mon enfant, tu peux faire ce que bon te semble de ta souffrance, dit doucement Hanneke. Elle t’appartient. Mais je dois te dire ce que je fais de la mienne. Je l’empoigne par les cheveux, je la jette à terre et je l’écrase sous mon talon. Je te suggère d’apprendre à en faire autant.»

Extrait de L'empreinte de toute chose, d'Elizabeth Gilbert.

 

J'aimerai avoir la détermination d'Hanneke pour confronter ce mal. J'aurais tendance à foncer dans le tas, à passer à l'action tout de suite, ou à ne rien dire, alors qu'il faudrait aussi écouter, discerner, délimiter la zone touchée et surtout s'attaquer à la cause, patiemment... Je l'ai dit, je crois que de nos jours, on ne laisse pas assez nos enfants expérimenter et apprivoiser la souffrance quand ils sont petits. Ils tombent? On se précipite. Pire, on les équipe pour leur éviter tout accident. Ils pleurent? On s'empresse de les consoler en leur disant que ce n'est rien.

Mais ce rien prend une place parfois de plus en plus importante dans leur vie. Et ça les met parfois par terre. Ou ça les rend anxieux. Et nous, ça nous laisse désemparés, à chercher des solutions - encore. Ah, l'arracher comme une mauvaise herbe, la déterrer, la jeter loin d'ici et que cette souffrance ne remette plus les pieds chez nous... Ce serait plus facile!

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Commentaires
M
Jolie réflexion, qui mérite réflexion!<br /> <br /> Je ne pense pas être suffisamment bonne pour mes enfants mais suffisamment dure, oui...le monde le sera plus que moi alors j'essaie de ne pas les couver!<br /> <br /> Mon fils est parti en vélo à l'école sous la pluie ce matin, que sont-ce quelques gouttes ? Je sais déjà qu'une maman gentille et attentionnée m'enverra un message pour essayer de me le ramener pour ne pas qu'il se mouille encore...et que je répondrai non...ça lui fait du bien, ça arrose la mauvais herbe qu'il est;)<br /> <br /> Des bises de réconfort.
K
J'ai pas mal réfléchi là dessus ces derniers temps et là, en te lisant, je repense à ce qu'on nous apprenait pour accoucher "sans douleur" (drôle d'appelation!): à accepter les contractions, la douleur justement, la laisser nous traverser et faire son travail (belle appelation!) ; c'est à dire, nous faire ouvrir le passage pour l'enfant.<br /> <br /> Ma première réflexion, avant de lire ton billet, m'avait amené à comprendre qu'il faut accepter pleinement ses émotions (ne surtout pas les piétiner justement) mais aussi apprendre à vivre avec elles avec sérénité...<br /> <br /> A suivre! Merci pour ce billet!
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