Atelier parents : le temps "spécial"
Un auto-portrait de Tintin qui date... mais que j'aime beaucoup!
La théorie est d’offrir à l’enfant, au début chaque jour si possible, un temps dit « spécial », juste pour lui. A nous de définir la durée et le moment de la journée. Mais c’est important de le faire régulièrement… Durant, ce temps, pas de jugement. Pas de conseil. Pas de consigne. Pas d’ordres. Pas de rappel. Juste de l’écoute et du positif. Du temps d’amour.
Les psychologues nous ont donné des trucs :
1. Choisir un moment où VOUS vous sentez relax et décontracté, de préférence. Si vous êtes stressé, l’enfant le sent et cela ne sert à rien. Il faut aussi que l’enfant soit disposé… Le but est d’avoir du plaisir, pas de se crêper le chignon!
2. Informer les autres enfants, les autres adultes de la famille que durant ce temps, vous n’êtes pas disponible pour eux. Pour éviter les intempestives interruptions, s’il le faut, mettre le téléphone à off, fermez toutes les écoutilles…
3. Restez positif ou si vous remarquez quelque chose qui vous dérange chez votre enfant et qu’en temps normal vous corrigeriez, laissez faire et taisez-vous. Ce n’est pas le moment, si vraiment vous y tenez, revenez-y plus tard, jamais durant le moment spécial.
4. Si vous ne savez pas que dire, répétez ce que l’enfant vous dit. «Tu veux jouer à...?» «oui, je veux jouer à...» Etc… «Je n'aime pas untel» «tu n'aimes pas untel?». En général, ça marche…
5. Au début, si vous n’avez pas l’habitude de jouer avec lui, décrivez ses actions comme le ferait un journaliste sportif. N’exagérez pas non plus! Restez honnête dans vos interactions mais omettez toute critique, parlez seulement de ce que vous aimez « J’aime vraiment passer du temps avec toi », « tu as tellement d’imagination », « regarde ce qu’on a construit ensemble », etc…. Restez spécifique si possible et quand vous remarquez quelque chose de bien dites le tout de suite.
5. Si votre enfant fait quelque chose que vous désapprouvez, fermez les yeux; si cela devient insupportable et que vous avez du mal à rester positif (certains enfants, surtout TDAH, peuvent mettre vos nerfs en boule), dites-le à l’enfant. « J’ai du mal à jouer avec toi aujourd’hui, on fera le moment spécial plus tard.»
Surtout, n’en faites jamais un chantage, ni une récompense. Le moment spécial appartient à cet enfant quoiqu’il arrive! Ne lui poser pas de questions, ne donnez pas d’instructions, ne critiquez pas. Ce n’est pas le moment de lui montrer quelque chose de nouveau, ni de lui enseigner ou montrer comment faire. Au début, c’est très difficile, mais essayez de le faire au moins par tranches de 15 mn tous les jours pendant une ou deux semaines. Par la suite, on peut espacer mais essayez de toujours garder au moins un moment spécial par semaine.
La plupart des parents pratiquent cette technique sans s'en rendre compte. Le fait d'en faire une démarche consciente améliore la relation mais aussi montre à l'enfant qu'il est important - vous le savez, mais lui peut avoir une perception déformée de ce sentiment. L’objectif de ces moments est de (re)construire une banque de bons moments avec le parent; malheureusement, avec ces enfants, la banque est souvent en défaut de paiement, pour ne pas dire en banqueroute depuis trop longtemps. Vous verrez, en pratiquant, l’énorme déficit va vous sauter aux yeux! Et au fur et à mesure qu’il reprend confiance, la relation va s’améliorer. N'oubliez pas, il s'agit de perceptions!
Mise en pratique :
Chez nous, le déficit pouvait ne pas sembler si important à prime abord, vu l’attention dont bénéficie Tintin depuis sa naissance. Erreur! Sa perception est totalement différente de la nôtre… Nous n’avons pas encore nommé le moment mais il en redemande, signe qu’il en a besoin! J’avais déjà commencé à « pratiquer » un peu cette technique, le soir au moment du coucher et j’ai tout simplement continué de façon plus systématique. Ce n’est pas facile d’arrêter d’être parent pour n’être qu’une personne aimante, joueuse, tout simplement présente. J’y travaille et Tintin apprécie énormément ces moments et me confie plus facilement ses émotions, ses tracas, par petits bouts. Là encore, pas de jugement! Le truc testé qui marche : juste répéter ce qu’il vous dit…
Avec son père, ils prennent ce temps dans les conduites, dur dur de ne pas s’énerver le matin…. Mais les efforts payent : son humeur s’améliore et j’ai remarqué qu’il n’exige plus que je l’accompagne systématiquement en boudant si je ne le faisais pas, ce qui est très positif.
La banque se remplit tout doucement, on continue!