Au temps de la mousse (2)
«- Alma, commença-t-elle, le discours courtois ne doit pas se précipiter. Vous découvrirez que c’est un comportement aussi utile que civilisé qu'en de rares occasions de permettre à votre victime d’achever vraiment une pensée. Votre précieux rôle d’hôtesse consiste à mettre en valeur les talents de vos invités et non à clamer triomphalement les vôtres. En outre, il n’est pas nécessaire de multiplier les rires devant les mots d’esprit, une fois qu’ils ont accompli leur tâche et suscité l’amusement. Je trouve dernièrement que vous riez beaucoup trop longuement. Je n’ai jamais connu de femme vraiment honorable qui trompette comme une oie.»
Remontrances de Béatrix Whittaker à sa fille Alma, alors âgée de 15 ans, à la sortie d'un dîner. Extrait de L'empreinte de toute chose, d'Elizabeth Gilbert.
Ah, l'adolescence... En ce moment, je ne peux m'empêcher de penser à cette énergie de vie en regardant dehors se transformer le paysage à une vitesse et dans un désordre qui n'est pas sans rappeler la edad del pavo, comme on nomme en espagnol l'adolescence (l'âge des dindes).
Depuis ces photos, prises le we dernier, les feuilles ont poussé si vite que le lilas en est tout intimidé, lui qui d'habitude est le premier. Les tulipes sont à peine sorties que les trillium et pervenches sont déjà en fleurs, bien avancées même...
Nous avons un printemps adolescent, un printemps de dindes. Je ne sais pas ce qu'en dirait Béatrix Whittaker, mais toute tentative de domestication, d'éducation et de civilisation, semble voué à l'échec.
Alors je me contente de regarder et de m'en amuser...